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Sarkar Raj

Traduction : La loi du parrain

Bande originale

Chaah Bhanwar Trishna
Jalte Rawan
Jalwa Re Jalwa
Jhini Jhini
Saam Daam
Saher Saher Ke Hajharon Sawal
Subah
The Govinda – Chant
The Govinda – Groove
The Govinda – Theme
The Govinda – Trance
The Jalwa – Club Mix

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La critique de Fantastikindia

Par Laurent, Jawadsoprano
Publié le 6 octobre 2008

Note :
(5/10)

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L’avis de Laurent :

Trois ans après le succès de Sarkar, Ram Gopal Varma reprend les Bachchan père et fils pour cette suite, pour laquelle il a également convié Aishwarya Rai. Pur film de genre typique du réalisateur, Sarkar Raj se démarque assez peu du premier volet, à l’exception d’un scénario plus original qui s’éloigne de l’hommage direct au Parrain de Coppola. Du point de vue technique, on retrouve la mise en scène sophistiquée de Varma, avec ses plans penchés, sa caméra mobile, ses mouvements de grue… Cette stylisation frise même parfois l’excès, avec notamment une musique extra-diégétique quasiment omniprésente, un bruit de fond agréable mais qui limite le relatif réalisme insufflé par le jeu des acteurs… A moins que ce garde-fou commercial ait pour but de maintenir l’attention du spectateur tout le long de ce court film parsemé de quelques longueurs, ce qui serait dans ce cas un peu plus réussi. Mais rassurez-vous, en matière de cinéma hindi, musique et réalisation sont tout de même nettement plus raffinées que le style pompier du clippeur gangsta Sanjay Gupta (Kaante) !

Les deux Bachchan restent fidèles à leurs personnages de l’original : Abhishek est toujours aussi fin dans son rôle de gangster froid, tandis que son père conserve son look grisonnant et son imperturbable force tranquille. Il y a d’ailleurs pour ce dernier un problème de direction d’acteur de la part de Ram Gopal Varma : car si la sobriété générale de l’interprétation donne de la crédibilité à l’ensemble, l’impassibilité systématique d’Amitabh, tout comme dans Sarkar, agace un peu, et son manque de naturel crée un léger décalage avec les autres personnages. Ce parti pris aurait été plus pertinent si la totalité des acteurs sous-jouait de la sorte, comme par exemple dans les chefs-d’œuvre contemplatifs de Jean-Pierre Melville avec Delon, dans lesquels l’effet de style était en harmonie avec un classicisme général.

Heureusement, le grand Amitabh sort de sa réserve dans la dernière demi-heure du film, et contribue alors, par une flamme intérieure retrouvée derrière son masque froid, à ce que le long métrage passe d’un exercice de style routinier à un film de gangsters plus prenant, avec de vrais enjeux et une mise en scène plus retenue. Ces scènes finales ne suffisent pas à faire du film une référence du genre comme Company, du même réalisateur, ou bien l’excellent Apaharan, mais Varma a au moins le bon goût de garder ses dernières cartouches scénaristiques pour la fin, de sorte que le spectateur quitte le film sur une bonne impression, celle d’avoir pu s’identifier à au moins un des personnages du film.

Si l’on mentionne encore une Aishwarya plutôt sobre (bien qu’elle ne soit jamais au niveau d’Abhishek dans aucun de leurs films ensemble), ainsi que des dialogues au cynisme très imagé, on tient là un bon film de gangsters emphatique qui a les qualités de ses paradoxes, tout à la fois tragique et plaisant, réaliste et ultra-stylisé. La froideur générale et le maniérisme de la réalisation ne servent pas toujours le film, on a l’impression que le cinéaste l’a surtout tourné pour se faire plaisir et pour s’offrir son premier diptyque (sans compter les deux films fantastiques à sketches Darna Mana Hai et Darna Zaroori Hai, qu’il a avant tout produits), mais il a assez de métier pour réussir au passage un efficace film de genre, avec un bon dosage du fond et de la forme. Sarkar Raj est certes inférieur à d’autres réalisations du maître, et même à certaines de ses productions, comme le très bon Ek Hasina Thi, mais il est également bien meilleur que son ratage Contract la même année, et même l’un des meilleurs films hindis d’un premier semestre 2008 assez calme, parce qu’il est nettement plus fin et moins commercial que la moyenne.

Note de Laurent : 7/10

L’avis de Jawadsoprano :

Après avoir apprécié Sarkar en 2005, j’attendais cette suite avec impatience. La promotion et le casting du film laissaient présager un thriller politique et familial haut de gamme, même si les dernières productions de Ram Gopal Varma étaient peu encourageantes.

Le début du film semblait correspondre à mes attentes. Les stars faisaient des entrées en scène fracassantes, le thème musical Govinda qui avait contribué à la réussite du premier épisode était présent, les jeux d’ombres se révélaient diablement efficaces et l’histoire semblait complexe et bien écrite. Mais passée la première heure, inexplicablement, mes paupières sont devenues lourdes et un ronflement se fit sentir dans la pièce. Pourquoi ?

Plusieurs raisons pour expliquer ce phénomène. D’abord le tassement du rythme que Ram Gopal Varma ne maîtrise visiblement plus. Les dialogues deviennent excessivement longs et sans relief, le montage ne réussit pas à masquer l’enchaînement aléatoire du script, et l’histoire se perd dans des excès de présentation de personnages secondaires.
De plus certains acteurs n’y croient plus. Amitabh Bachchan nous ressert un plat froid en proposant la même interprétation que dans Sarkar, son rôle n’ayant pratiquement pas évolué. Abhishek Bachchan est la vraie surprise du film. Son rôle est consistant et son jeu d’acteur commence à s’étoffer même si ses choix de films ne sont pas toujours judicieux. Il a clairement le personnage le plus important et charismatique du film, c’est le seul en qui on peut avoir un peu de compassion. Aishwarya Rai-Bachchan m’a laissé une impression très mitigée. Sa froideur et son look se prêtent parfaitement au film et à son rôle, mais la belle semble manquer de ressources pour réellement s’imposer dans les scènes importantes du film. Les seconds rôles sont totalement inégaux, on compte ainsi un excellent Rao Saab (l’acteur Dilip Prabhavalkar), un très bon Hassan Qazi (l’indispensable Govind Namdeo), mais aussi un pathétique et indigeste Karunesh Kaanga (l’acteur marathi Sayaji Shinde, grand habitué des rôles de pitres dans les masala telugu).

Mais là où Ram Gopal Varma frôle l’amateurisme, c’est dans son utilisation d’un gimmick visuel et sonore redondant : le thème musical Govinda, qui se fait de plus en plus pressant et menaçant, accompagné d’un gros plan sur un personnage entre ombre et lumière (en général bien dans l’ombre pour qu’on ne l’identifie même pas), et une phrase "choc" pour nous montrer son visage le plus patibulaire possible. Eh oui, un vrai code qui fait penser aux techniques utilisées dans les soap (séries tv aux qualités de production bas de gamme), dans lesquels la caméra s’amuse à filmer le visage circonspect d’un acteur pendant plusieurs secondes pour marquer son inquiétude ou son interrogation (Les Feux de l’Amour étant l’exemple le plus parlant).
Ram Gopal Varma a-t-il voulu rendre hommage aux télé-novelas ou était-il en mal d’inspiration ? On peut se poser la question en subissant ce péché d’orgueil au moins une vingtaine de fois pendant le film !

Mais le sommeil a parfois du bon, et je me suis réveillé pile pour la dernière demi-heure, qui s’est révélée bien plus inspirée et intéressante que le reste. Un des personnages principaux prend une importance inattendue et la conspiration organisée contre le clan Nagre est plutôt bien inspirée. Quel dommage qu’une idée de départ intéressante soit gâchée par une direction d’acteurs aléatoire, un script bancal et une réalisation digne d’un téléfilm (je ne parlerai pas des multiples scènes d’action filmées dans le noir le plus total pour compenser le manque de moyens ou d’ambition).

Note de Jawadsoprano : 3/10

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