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Veer


Bande originale

Meherbaniyan
Taali
Surili Akhiyon Wale
Kanha - Thumari
Salaam Aaya
Spirit of Veer (instrumental)

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La critique de Fantastikindia

Par Marine - le 10 décembre 2013

Note :
(2/10)

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Après avoir regardé Veer et avoir passé une soirée partagée entre le rire et l’étonnement, pour ne pas dire l’exaspération, j’ai décidé de m’attaquer à la critique de cette chose. Attention, commentaires acides en perspective.

Et à ceux qui m’accuseraient d’avance de détester tout ce que fait Salman Khan, je les renvoie sur mes critiques de Bodyguard et de Hum Saath Saath Hain. Ici, je fustige plus la façon dont le film a été fait que l’acteur principal.

Il y a quelques années, en 2008 pour être exacte, Gandhi Tata avait présenté un article sur un projet de film pour Salman Khan. A l’époque, nous pensions qu’il se prenait pour Gladiator. Mais ça, c’était avant. Depuis, aucun membre de l’équipe n’avait osé regarder ce film qui s’annonçait épique, rien que par la bande annonce, et je ne vous parle même pas des incohérences capillaires (promis, on dirait une Barbie "coupe et coiffe"). Effectivement, sur le plan physique l’acteur peut faire penser à Prince Of Persia, mais avec l’air d’avoir 50 balais et d’avoir manqué sa dose de cocaïne au petit déjeuner. Gandhi Tata avait parié sur une série B, je ne le ferai pas mentir dans les mots qui vont suivre.

En 1862 a lieu une bataille entre indiens. Les Pindaris, sauvages guerriers, soutiennent le prince de Madhavgar (Jackie Shroff) et remportent la victoire pour lui. Mais au lieu de recevoir des terres en récompense, ils se rendent compte qu’ils ont été trahis et ont soutenu un allié des Anglais. Et ces derniers massacrent 4500 des Pindaris à grands coups de canon, ne laissant fuir que quelques survivants. Parmi ceux-ci, Prithvi Singh (Mithun Chakraborty) jure de tuer les Anglais et le roi félon. Il décide alors de donner à son fils Veer (Salman Khan) l’éducation requise pour que celui-ci réussisse ce défi. C’est ainsi que le jeune homme se retrouve à étudier à Londres en 1887 où il rencontre Yashodara (Zarine Khan), une belle princesse dont il tombe amoureux.

Bon, cela semble évident, mais lorsque l’on désire faire un film historique, on ouvre un livre d’histoire (voire deux pour éviter les partis pris inévitables de la part des auteurs). On se renseigne donc sur la période. Alors certes, le prologue annonce la couleur : il y a l’histoire faite par les Anglais… et il y a ce qui s’est passé…
Veer est un film qui se base sur la communauté des Pindaris. Si vous faisiez une recherche rapide sur internet, vous apprendriez qu’il s’agit de cavaliers qui vendaient leurs services aux Marathes au XVIIIe siècle en échange du droit de piller. Au début du XIXe siècle, ils sont défaits par les Anglais. Comme notre histoire à nous commence en 1862, on a plutôt l’impression d’arriver après la bataille. Mais oublions cela pour nous fixer sur un point bien plus important.
Dans les films historiques, il y a deux paramètres principaux qui entrent en compte. Le premier est la véracité des faits, mais nous l’avons mis de côté car il existe de bons films du genre dont la prise de position est volontairement (ou non) éloignée de l’histoire officielle. Le second paramètre est à mon avis bien plus important : c’est la vraisemblance. Par exemple, faire un film sur le roi soleil avec des acteurs en costumes Renaissance, c’est quelque chose qui me heurte. Alors voir le « Londres » de 1887 passé au Karcher et les habits de ses habitants qui proviennent certainement d’une des malles de la Comédia del Arte, c’est assez effarant.
Dans ses interviews, Salman expliquait que Veer était un film d’époque différent car on y trouvait de l’émotion, du drame et de la comédie alors que les films habituels du genre sont privés de rires et de romance. Pour le rire, je veux bien, mais les films « historiques » évitent d’être ridicules en général. Quant à la romance… on n’a pas vu les mêmes films lui et moi ! S’il y a bien un ingrédient qu’on ne peut nier à un film comme Jodhaa Akbar, c’est bien la romance. Il y en a même trop par rapport à « la vraie histoire », un peu comme les Sissi d’Ernst Marischka.

Toujours dans la vraisemblance, on pouvait espérer des scènes d’actions impressionnantes, certes, mais crédibles. Or, si la première bataille passe encore, la toute première apparition de Salman Khan fiche en l’air tous nos espoirs : on ne coupera pas à la technique des câbles. Seulement, ce qui est drôle dans Dabangg l’est bien moins ici. Ce dont on rit par contre, c’est de l’utilisation du rugissement du titre que l’on entend chaque voir que Veer est en colère. On retiendra également les scènes un peu « gores » et le duel final en bas du fort de Madhavgar très inspiré de celui qui oppose Brad Pitt à Eric Bana dans Troie, avec en prime Yashodara qui s’effondre le long du rempart, comme le fait Andromaque. C’est beau !!!

Ce film devait lancer la carrière de Zarine Khan. Cependant, si ce film lui a permis d’être nominée dans la catégorie meilleur actrice débutante aux Zee Ciné Award…, depuis, il n’y a guère qu’une participation au succès, mais néanmoins navet (pire que Veer, c’est pour dire), Housefull 2 à son actif. Son lancement en fanfare ne lui aura guère porté chance. Et ni ses larmes ni son sourire timide ne l’aident à tirer son épingle du jeu. Est-ce la faute des gants qu’on lui fait porter à tout bout de champ pour bien montrer qu’elle est occidentalisée ?

Bon, si on accepte le principe de se retrouver dans un film comique on s’attachera à remarquer tout ce qui alimente cet aspect. Il y a le tigrou en peluche, l’armure qui gondole révélant qu’elle est en fait réalisée en latex et la main en or de Jackie Scroff qui doit envier celle d’Anakin Skywalker. Plus révélateur encore, il y a les Anglais. D’accord, on le sait, ils sont souvent peu gâtés par le cinéma indien : mal interprétés, personnages mal écrits… sauf que là on bat des records. Ce sont des caricatures de caricatures avec des rires démoniaques à la Mogambo. Bref, tout ça pour nous expliquer que leur plan pour dominer l’Inde est en fait une maxime vieille comme le monde : diviser pour mieux régner. Au cynisme des Britanniques, on oppose les valeurs fondamentales des Indiens (ici des Pindaris) : la famille et la patrie d’abord.

Si l’on ne doit retenir qu’une seule chose de ce film, c’est que le scénario a été écrit par Salman Khan lui-même. Bon, il n’a pas inventé l’eau chaude : toute la première partie de l’histoire, la trahison, la dispersion, l’éducation des fils, l’histoire d’amour avec la fille de l’ennemi, le siège de la ville… c’est exactement la transcription du film de 1962, Taras Bulba, avec Yul Brynner et Tony Curtis. Salman s’est contenté de resituer l’histoire en Inde. Alors oui, avec Javed Akhtar, Papa Salim a co-écrit d’immenses succès comme Zanjeer, Deewaar et le plus connu de tous : Sholay ! Certes, mais ça ne fait pas de son fils un bon auteur.
En plus de la casquette de scénariste, l’acteur souhaitait, au départ, endosser celle de réalisateur et faire de Sanjay Dutt son héros. Mais c’est finalement Anil Sharma qui s’est attelé à cette tâche. Il a d’ailleurs eu des différents avec Salman sur la façon dont mener à bien le projet. Cela se ressent sur l’ensemble du film qui pourrait être qualifié de masala qui a mal pris. On est loin de Gadar ou Apne. Espérons pour le réalisateur, qui revient en 2013 avec Singh Saab The Great, qu’il retrouvera le succès en même temps que son acteur fétiche : Sunny Deol.

Après un tournage ponctué de faits divers : spectateurs blessés, dégâts causés sur le fort d’Amber par l’équipe et donc plainte, allégations de plagiat et arrêt de diffusion du film, sans oublier les plaintes d’une organisation rajpoute trouvant le film humiliant pour sa communauté, les critiques lors de la sortie n’ont pas non plus épargné Veer.
Globalement, les performances ont été jugées moyennes exceptée celle de Salman (? Heu ouais… on va dire qu’il a fait son boulot, mais dans un film aussi navrant, c’est presque un crime). Quant au reste, on peut citer en vrac une déception colossale entre l’écriture et la réalisation, que le film est moyen, des erreurs historiques, ou bien plus drôle encore, que le film avait des airs de Xena la guerrière. Et ce n’est pas faux. Un point positif pour finir ? Le thème principal est plutôt mélodieux et reste en tête un petit moment.


Surili Akhiyon Wale

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