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Pinjar

Traduction : Cage

Bande originale

Shaba Ni Shaba
Maar Udari
Haath Choote
Vatna Ve
Darda Marya
Charkha Chalati Maa
Sita Ko Dekhe
Shabad (Hymn’s)
Waris Shah Nu

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La critique de Fantastikindia

Par Laurent - le 3 octobre 2008

Note :
(7/10)

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Au milieu des années 1940, peu avant la Partition, une famille hindoue se prépare au mariage de l’une des filles, Puro (Urmila Matondkar), avec le jeune Ramchand (Sanjay Suri). Un jour, Rashid (Manoj Bajpai) rencontre Puro et tombe amoureux d’elle. Sous la pression de sa famille, il décide de l’enlever et l’oblige à l’épouser et à se convertir à l’islam. Désespéré, le père de Puro (Kulbhushan Kharbanda) finit par se résigner à l’idée que sa fille est perdue…

Tiré d’un livre de la romancière punjabie Amrita Pritam, Pinjar est le premier film de cinéma de son réalisateur, pour lequel il a réuni un magnifique casting. L’héroïne tout d’abord, incarnée par Urmila Matondkar, défend son rôle avec passion, bien que sa prestation soit moins parfaite que dans le film d’épouvante Bhoot, sorti la même année, où son personnage de possédée était plus fort. Ici, elle surjoue un peu dans certaines scènes mélodramatiques déplacées. Heureusement, si elle ne peut pas porter toute seule cette fresque sur ses épaules, elle est aidée en cela par le ténébreux Manoj Bajpai. Habitué aux films auteurisants, comme Zubeidaa, connu plus récemment pour son rôle de prisonnier évadé dans le thriller 1971, ce superbe acteur est la véritable âme du film avec son personnage de ravisseur conjugal tourmenté, à la fois discret et poignant.

Il est d’ailleurs dommage que le cinéaste prenne le parti du romanesque, car son film aurait gagné en force s’il avait joué la carte du réalisme : avec un sujet aussi grave, à savoir l’enlèvement d’une jeune femme hindoue et son mariage forcé à un musulman qui la séquestre (le titre signifie « la cage »), on s’attendait en effet à un film plus fort. L’héroïne semble par exemple s’habituer un peu trop vite à son nouveau mari : le problème ne vient pas de l’actrice, mais de la crédibilité du rôle de Bajpai, l’acteur ne parvenant pas par son talent à gommer complètement le côté romantique de son personnage. Forcé par les hommes de son clan à enlever une jeune fille pour des raisons de vengeance familiale, il révèle rapidement une bonté tout en retenue, et manque d’une réelle ambiguïté. Au cours du film, le spectateur lui pardonne ainsi progressivement l’injustice qu’il a fait subir à l’héroïne, une contradiction assez gênante qui n’aurait sûrement pas eu lieu si le film avait été réalisé par une femme… ou du moins avec l’énergie de l’indignation. Un personnage masculin plus fruste, plus violent, aurait rendu le film plus sec, l’injustice plus criante, et cela aurait amélioré le rythme général.

Car ce dernier est plutôt au service d’une grande fresque d’époque, à laquelle les nombreuses chansons traditionnelles de qualité apportent une harmonie certaine, seulement brisée çà et là par quelques scènes plus rudes, principalement les émeutes dans la deuxième partie du film. Cependant, le contexte historique n’est que la toile de fond de ce beau drame intimiste aux nombreux atouts : costumes, paysages, acteurs de films d’auteur impeccables comme Kulbhushan Kharbanda (Le Mariage des Moussons, la trilogie Fire-Earth-Water de Deepa Mehta).

Si quelques imperfections l’empêchent donc d’atteindre la force qu’aurait eu un authentique film engagé sur un sujet aussi puissant, Pinjar reste un beau film d’époque, soigné et romanesque, tempéré par le charme d’Urmila et la finesse de Manoj Bajpai, qui rendent à eux seuls ses trois heures très agréables.

Commentaires
8 commentaires
En réponse à Lili - le 03/10/2008 à 10:56

Merci pour la critique Laurent :)

Même s’il est bien fait, ce film m’avait un peu gênée.
Comme tu le fais remarquais le message est au final un peu malsain… et c’est ce qui m’avait empêchée de vraiment apprécier ce film.

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vijay ouest le 27/12/2012 à 19:34

Très bon film qui tout en refusant le manichéisme n’en propose pas moins de salutaires repères moraux pour décrire la situation chaotique provoquée par l’idée d’une partition et indiquer quelle était la marge de manoeuvre de chacun dans ce drame extrême. Je crois que, grâce à son approche romanesque, ce film aide à mieux comprendre bien des choses à propos de la partition. Le récit est d’une grande qualité, je n’ai pas été étonné d’apprendre après coup que c’est l’adaptation d’une oeuvre littéraire dont l’auteure est une poétesse en plus d’être une romancière. Très bonne interprétation des acteurs (mention spéciale pour les deux rôles principaux, Urmila Matondkar et Manoj Bajpai). Bajpai ne joue pas que dans des films "auteurisants", son rôle dans Satya est inoubliable. Au final, merci à Laurent pour cette critique éclairante mais je crois qu’un film aussi fort (mais jamais forcé) méritait encore plus d’éloges.

noella le 29/12/2010 à 21:08

je ne vois pas en quoi ce film est malsain : parce qu’il aurait été plus sain que le kidnappeur soit un affreux qui la viole ? Qu’aurions-nous eu de plus ? En moins, c’est sûr .Le film parle de la condition d’une femme et vous évacuez bien vite sa famille qui la déclare morte.Derrière cet enlèvement, il y a celui d’une autre femme violée et jetée à la rue quelques années auparavant par la famille de celle qui a été enlevée. cette femme peut être la mendiante, violée à son tour .Les deux personnages sont à la croisée d’une évolution , tout en étant dans celle d’un évènement historique traumatisant.Ils ne se sentent pas redevables de l’humiliation et des actes de leurs familles mais ils n’ont pas non plus le courage de s’opposer fondamentalement.Loin d’accepter son ravisseur, au contraire elle ne cesse de reporter sur lui la situation pendant pratiquement tout le film .Elle ne se révolte pas en société mais elle rejette l’homme.La fausse couche d’ailleurs est sans doute l’expression la plus violente de ce rejet.Rien n’est vraiment manichéen d’ailleurs car si le frère représente une opposition plus concrète aux traditions, son mariage "arrangé" montre les limites de son opposition.D’une manière obsessionnelle, d’un côté elle se raccroche à ce mariage et à ce fiancé qui lui auraient apporté le bonheur ; tout comme son frère pense à elle au dépend de cette jeune femme dont il a la responsabilité.Ainsi rien n’est aussi simple.Cette jeune épouse représente la "réhabilitation" de toutes ces femmes bafouées pour des raisons de pure violence, ou d’honneur ou de folie de l’histoire et aussi celle du couple central qui va prendre des risques pour elle afin qu’elle ait un avenir.Il est difficile de parler de l’histoire d’une manière réaliste : ici le biais de la petite histoire qui croise la grande permet la dimension symbolique dont parlait Vivek Oberoi dans son interview.Le réalisme occidental a montré ses propres limites ; il s’agit toujours d’une interprétation.Il est plus honnête de partir de l’interprétation.

Jordan White le 03/10/2008 à 21:23

Pour moi le gros problème du film que je trouve visuellement plutôt réussi paradoxalement, c’est vraiment l’interprétation d’Urmila que je trouve médiocre. J’ai du mal à supporter son jeu d’actrice. Dans le rôle de femme tourmentée je préfère Nandita Das dans Bawandar. Au moins j’y crois.

Laurent le 03/10/2008 à 21:44

C’est vrai que je parle pas d’un film touchant, à part Manoj, mais d’un beau film de studio d’époque soigné.

Kendra le 03/10/2008 à 14:57

Le film aurait pu être dix fois meilleur si seulement Urmila ne passait pas 90% du temps à pleurer super faux. Qu’elle pleure ne m’aurait pas gêné vu ce qui lui arrive peuchère, mais ses cris incessants ont eu raison de ma patience. Ceci étant, le film est à voir pour Manoj Bajpai excellent et pour sa BO très sympa.

Laurent le 03/10/2008 à 16:00

Ouais, je te comprends, mais je la trouve beaucoup plus supportable que Karisma Kapoor ou Rakhee dans ce type de rôle éploré, et comme Bollywood m’a appris à avoir un degré de supportabilité dans la longueur des films & le jeu artificiel des acteurs, je suis devenu maso.

gorka le 03/10/2008 à 13:28

bien aimé ce film. Urmila excellente.

Lili le 03/10/2008 à 10:56

Merci pour la critique Laurent :)

Même s’il est bien fait, ce film m’avait un peu gênée.
Comme tu le fais remarquais le message est au final un peu malsain… et c’est ce qui m’avait empêchée de vraiment apprécier ce film.