Band Baaja Baaraat
Traduction : La fanfare de mariage
Langue | Hindi |
Genres | Comédie, Comédie romantique |
Dir. Photo | Aseem Mishra |
Acteurs | Anushka Sharma, Ranveer Singh |
Dir. Musical | Salim-Suleiman |
Parolier | Amitabh Bhattacharya |
Chanteurs | Shreya Ghoshal, Amitabh Bhattacharya, Sunidhi Chauhan, Sukhwinder Singh, Harshdeep Kaur, Salim Merchant, Benny Dayal, Master Saleem, Natalie Di Luccio, Shraddha Pandit, Himani Kapoor, Labh Janjua |
Producteur | Aditya Chopra |
Durée | 140 mn |
Shruti (Anushka Sharma) est entrepreneuse, ses études ne sont pas encore terminées mais elle construit déjà son projet professionnel : organiser des mariages, une profession fort utile et lucrative en Inde, où les parents investissent beaucoup pour donner à leurs enfants (et leurs familles, leurs relations, leurs voisins…) une fête inoubliable. Bittu (Ranveer Singh) est étudiant aussi, tendance fumiste, mais Shruti lui plaît beaucoup, son père vient le chercher pour qu’il travaille dans la ferme familiale, et pour y échapper, son avenir lui apparaît brusquement : lui aussi veut être entrepreneur, organiser des mariages, il veut être le partenaire de Shruti. Pas ravie, celle-ci s’incline lorsqu’il prouve que ses qualités relationnelles peuvent être un sérieux atout. A une condition : ils seront associés, pas question d’y mêler l’amour ! Il accepte sans arrière-pensée, les voilà partis, et très bien partis, ensemble ils créent de belles fêtes, mettent de l’ambiance, aidés par une équipe solide qui assure musique-repas-fleurs. Mais voilà que le désir s’en mêle, Cupidon pointe ses ailes… et là, ça se complique…
Band Baaja Baaraat est un film sans grande ambition et pourtant extrêmement réussi, peut-être justement parce qu’il n’y a pas d’ambition démesurée, et que cela laisse la place à la magie d’opérer. Le scénario est simple et fonctionne à merveille, les dialogues sonnent juste, Anushka Sharma déjà connue avec Rab Ne Bana di Jodi a gardé toute sa fraîcheur, et le petit nouveau, Ranveer Singh, a le potentiel d’un Shah Rukh Khan : un visage très mobile, des regards expressifs, une capacité naturelle à exprimer des émotions et les faire partager, une vraie nature qui charme, sans forcer. En plus, bon danseur, bodybuildé juste ce qu’il faut, la tête sympa du voisin d’à côté (celui qu’on aimerait avoir), auquel on peut s’identifier. A eux deux ils forment un couple sympathique, plein d’énergie, un peu brouillon, cohérent par rapport à leur âge et leur statut dans le film, adorable.
Autre atout de Band Baaja Baaraat : les mariages !!! Un vrai florilège ! De la ruelle aménagée au palais de Maharaja, on se glisse avec bonheur parmi les invités, dans toutes ces fêtes qui débordent de fleurs, de lumières, de couleurs, de danses et de bonne humeur. La musique est à l’honneur, bien sûr, avec des sonorités bien Bollywood, pas de hip hop, pas de chorégraphies à l’occidentale, rien que du traditionnel, rien que du plaisir (voir l’article sur la musique). Et le réalisateur Maneesh Sharma, dont c’est le premier films, a eu le bon goût de rester dans un registre réaliste pour l’image et les décors, les bureaux de la « Shaadi Mubarak », la petite société de Shruti et Bittu, dans une petite échoppe comme on peut en voir partout en Inde, est une vraie réussite et contribue à nous faire croire à ces deux jeunes, leur petite entreprise, leur goût du travail bien fait, leur énergie. Car ils bossent, comme des malades… Cela aussi est bien rendu, sans appuyer, et contribue à la crédibilité du film.
Les seconds rôles sont parfaits, notamment l’équipe « logistique » qui assure les repas, les fleurs et la musique, trois profils différents, on ne les entend pas beaucoup mais leur place est bien là, qui prendra toute son importance quand la crise poindra.
Band Baaja Baaraat est la bonne surprise de 2011, une bonne cuvée qui renoue avec la tradition YRF, un « petit film » comme on aimerait en voir plus souvent, bien Bollywood tout en échappant aux clichés, sans effet superflu, qui donne la pêche et ne se prend pas la tête, à conseiller à tous, sans modération !
Haha ouiiiiiiii je plaide coupable, lorsqu’il s’agit du cinéma indien, je peux être très très puritaine :D Et tu as vu juste : j’ai en effet grandi sur les Barjatya et les Yash Chopra, donc il ne faut pas trop m’en vouloir…
Par ailleurs, je me rends en Inde tous les ans dans le cadre de mon travail, et j’ai souvent l’occasion de discuter de l’évolution (voire de la dégradation) de certaines productions (BBB n’est bien sûr pas vraiment concerné) et à chaque fois les "aunties" que je fréquente me sortent la même chose : "they are spoiling our youth", ce qui ne me laisse jamais insensible. Je me souviens d’un jour où je regardais une compétition de chant à la télé - Deepika était invitée - en compagnie d’une famille en plein Punjab indien. Le vieux père de famille (qui visiblement ne voyait pas du tout qui était Deepika) s’était exclamé : "Regardez comment nos filles sont belles lorsqu’elles sont en salwar kameez !" Il avait sorti ça avec un ton empreint de mélancholie et de paternalisme. C’est l’éternel clash entre les générations, que nous autres pauvres mortels ne parviendrons sans doute jamais à comprendre, mais d’instinct je me place toujours du côté des plus "anciens", car je crois dur comme fer à la richesse du patrimoine et de l’identité indienne. Le défi est le même partout : bien sûr qu’elle doit évoluer, mais pas en faisant les mêmes bêtises qu’en Occident et en montrant par exemple de manière quasi-naturelle des nanas en bikini danser lascivement autour des héros au nom d’une certaine conception de la "modernité" :) Malheureusement c’est dans la nature de l’Homme : avant de réaliser ses erreurs, il doit d’abord les commettre, et c’est un débat sans fin sur lequel on peut s’éterniser.
On ne le répètera jamais assez mais Bollywood (et l’industrie cinématographique indienne dans son ensemble) n’a pas encore découvert l’ampleur de son marché intérieur, en Inde-même. On s’étonne des beaux scores de Ghajini, Dabangg, Bodyguard ou Singham, mais la vérité, c’est que les scores qu’obtient le petit écran (je pense surtout à Star Plus et ses dramas à n’en plus finir) donnent toujours autant le tourni, et une majorité de la population ne jurent que par ces soaps irrésistiblement kitsh et "clean", dont je ne commenterai pas la médiocrité (en ce qui me concerne :) Rendez-vous compte, chaque jour les dramas indiens rassemblent l’équivalent de double des spectateurs de 3 Idiots (plus gros succès commercial de l’Histoire) devant leurs écrans ! Bref, il y a toujours un décalage notable entre le petit écran et le grand écran… Dans le meilleur des mondes Bollywood devrait rester le royaume des histoires d’amour épiques, romantiques et chastes ; servies par des moyens et des techniques plus modernes ; même si cela relève de l’utopie…
Tout autre chose, je n’avais pas eu l’occasion de te remercier Sumaya, car c’est grâce à la critique de ton blog que j’ai découvert cet petit bijou qu’est Lafangey Parindey, un grand merci, tu vois qu’il est rentré dans mes "tops" :)