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Hate Story

Traduction : Histoire de haine

LangueHindi
GenreThriller
Dir. PhotoAttar Singh Saini
ActeursPaoli Dam, Gulshan Devaiah, Nikhil Dwivedi, Saurabh Dubey
Dir. MusicalHarshit Saxena, Harshit Saxena
ParoliersShabbir Ahmed, Kumaar
ChanteursSunidhi Chauhan, Harshit Saxena, Krishna Beura
ProducteurVikram Bhatt
Durée139 mn

Bande originale

Mahee Jaan
Dil Kanch Sa
Raat
Mahee Jaan (Rock version)
Dil Kaanch Sa (Heart & Soul Version)
Raat (Remix)

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Fiche IMDB
Page Wikipedia
La critique de Fantastikindia

Par Mel - le 17 juillet 2012

Note :
(3/10)

Article lu 1906 fois

Le jeune adulte indien qui entre dans un multiplexe pour voir Hate Story sait déjà beaucoup de choses sur le film. Il a vu les affiches et n’a pas manqué d’être interpellé par la multitude d’articles et de clips vidéo qui pullulent sur Internet. Il sait que c’est une histoire de sang et de sexe, avec peut-être aussi un peu de sentiments, on est quand même à Bollywood.

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L’amour a tué son âme, son corps veut se venger

A première vue, l’histoire est un peu étrange. Notre héroïne, Kaavya Krishna (Paoli Dam) est une jeune journaliste ambitieuse et énergique. Avec l’aide de son gentil collègue Vicky (Nikhil Dwivedi) elle décroche un scoop qui met à mal la réputation de la cimenterie Cementec Infra dirigée par le fils-à-papa Siddharth Dhanrajgir (Gulshan Devaiya). Afin de venger l’affront et briser Kaavya, le roitelet du BTP conçoit un plan machiavélique. Il lui offre un poste très bien rémunéré et la séduit sournoisement, deux propositions qu’elle accepte avec enthousiasme. Puis, il la rejette brutalement non sans l’avoir sérieusement menacée. Kaavya est gravement ébranlée par cette déception sentimentalo-professionnelle et découvre qu’elle est enceinte de Siddharth. Elle commet alors l’erreur d’essayer de le faire chanter, mais il réagit très brutalement. Il la fait enlever, avorter et stériliser ; la laissant à moitié morte errant dans une banlieue lointaine de New Delhi.
Kaavya remonte la pente et décide de se venger de Siddharth en ruinant son empire industriel "pierre par pierre" ("parpaing par parpaing" serait plus approprié ici). Pour accéder aux gros bonnets et recueillir ainsi des informations essentielles à ses représailles, elle se tourne vers la prostitution…

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Jusque-là, ça va…

Hate Story est un "thriller érotique" écrit et produit par Vikram Bhatt et sorti sur les écrans indiens en avril 2012. La réalisation a été laissée à Vivek Agnihotri dont c’est le 3ème film, les trois précédents n’ayant pas laissé une empreinte indélébile dans la mémoire des cinéphiles. Il effectue cependant ici un travail honorable et ce modeste film de genre est plutôt enlevé. On ne s’ennuie pas. D’un autre côté, on n’est pas non plus ébloui par la réalisation qui accumule les clichés comme un écureuil les noisettes.

Un film centré sur une femme forte qui se venge d’un homme odieux n’est pas une nouveauté, même à Bollywood. Kajol avait déjà dû affronter son monstre dans Dushman des frères Bhatt. Mais l’histoire d’alors était bien plus prenante et émouvante, et surtout Kajol bien plus inspirée que Paoli Dam qui a été visiblement choisie pour d’autres raisons que ses talents d’actrice. Le rôle du méchant est ici endossé par Gulshan Devaiah qu’on avait découvert en petite frappe sensible dans That Girl in Yellow Boots. Il est plutôt à l’aise dans son costume d’affreux perdu dans un univers qui le dépasse. Et on se prend à penser qu’il aurait pu bien tourner si les circonstances avaient été différentes.

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mais là, ça ne va plus et ça pourrait même très mal finir

Trêve de bavardages, il est temps de répondre à la question qui taraude le spectateur masculin qui envisage de passer plus de deux heures devant un écran : "Hate Story est-il aussi chaud que l’intense campagne de promotion le laissait entendre ?" Hélas, trois fois hélas, force est de constater que le film est très elliptique sur le sujet. Pas l’ombre d’une rondeur, ou de n’importe quelle autre forme rebondie à se mettre sous l’œil égrillard. Impossible de distinguer si Paoli Dam n’a que le visage qui soit émacié. On devine que les coupes douloureuses réalisées par le comité de censure ont retiré une partie du sel du film. Mais elles ne l’ont pas empêché de conserver sa classification pour adultes (qu’on se rassure, en France en revanche, il serait classé sans difficulté Tous Publics).

La bande son contient pourtant bien quelques ahanements et autres halètements bruyants mais on n’est pas à la radio, et le jeune mâle acnéique ne manquera pas d’être dépité. Malheureusement pour les auteurs, ce qui pouvait apparaître comme une transgression ahurissante dans Jism, est devenu une banalité affligeante neuf ans plus tard. Cela explique sans doute que le public ne se soit pas rué dans les salles pour aller voir Hate Story, peut-être se réservait-il pour Jism 2 qui promet tellement plus.

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Kaavya en costume de vengeresse

Que reste-t-il alors à ce "thriller érotique" si l’argument "érotique" en est absent ? Le suspense ou la tension peut-être ? Malheureusement, l’histoire est très linéaire et les personnages sont présentés sans grande empathie. De ce fait, nous sommes peu surpris et encore moins touchés par ce que leur arrive. Le scénario contient pourtant bien quelques surprises, mais elles dérivent de sa totale invraisemblance. Il est difficile par exemple d’adhérer à l’idée qu’une jeune femme intelligente et sans défense cherche à faire chanter un cimentier violent et extrêmement puissant. Il est encore plus stupéfiant qu’il ne l’ait pas coulée recta dans une pile de pont. Mais que dire du choix de la prostitution de luxe comme moyen de se venger ? Et qui peut croire que les hommes de pouvoir qu’elle attire dans ses filets avec une facilité déconcertante, allongent tous leurs secrets professionnels sans la moindre résistance ?

A défaut des images ou de l’intrigue, la musique pourrait peut-être nous transporter ? Heu… non. Hate Story comporte trois chansons globalement assez mièvres. La palme revenant à Mahee Jaan jouée pendant les moments-clés du film, dont la nuit d’amour "enflammée" entre Kaavya et Sid. C’est tellement sirupeux que ça suscite instantanément des aigreurs d’estomac. Mais, le vrai crime, c’est Raat chantée par Sunidhi Chauhan dans l’item number cheap de Mukhti Mohan. Comment la sublime Sheila Ki de Tees Maar Khan a-t-elle pu se commettre ainsi ?

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et sans, mais c’est toujours la vendetta

Cette toute petite série B surfe sur la vague "érotique" chère à la Bhatt factory et sur les appétits de moins en moins refoulés du public indien. Mais on est encore très loin du compte et rien n’est montré ni même suggéré. Malheureusement pour le producteur, l’argument du film a fait fuir le public familial et l’absence de transgression a déçu le public de jeunes urbains. Comble d’infortune, la réalisation honnête ne peut pas à elle seule compenser un scénario indigent, construit principalement pour mettre l’héroïne en situation.
Mais Hate Story se regarde… et puis s’oublie. Ce n’est déjà pas si mal.

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