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Koshish

Traduction : Effort

Bande originale

Humse Hai Watan Hamara
Soja Baba Mere

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La critique de Fantastikindia

Par Marine - le 24 juin 2015

Note :
(10/10)

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Aarti (Jaya Bachchan) est une jeune fille sourde et muette qui vit avec sa mère et son bon à rien de frère. Un jour, elle heurte le vélo de Hari Charan (Sanjeev Kumar), livreur de journaux et sourd-muet également. Grâce à lui elle intègre bientôt une institution spécialisée et de tendres sentiments vont bientôt se développer entre les deux jeunes gens.

Le film brosse donc avec délicatesse le portrait d’un couple de sourds-muets dans son quotidien et dans les grands moments de leurs vies, qu’ils soient dus ou non à leur handicap. Leur rencontre, la communication avec l’extérieur, l’arrivée d’un enfant, trouver du travail… Leur existence est forcément différente de celle des autres, et pourtant si semblable.

Le spectateur est heureux de voir que malgré les épreuves et parfois les malheurs, les héros continuent à vivre. Ils créent leur propre monde tout en interagissant avec l’extérieur. Et c’est sans surprise qu’on nous montre à travers les personnages secondaires que le vrai handicap dans la vie, c’est de manquer de cœur et que c’est cela qui fait passer à côté du bonheur. Les films avec des personnages handicapés ne manquent pas dans le cinéma indien : Black, Lafangey Parindey, Kasi, et le message est souvent le même : le vrai handicap n’est pas celui que l’on croit. De son côté, Koshish est loin d’être sinistre et misérabiliste. Avez-vous déjà vu une scène de ménage entre sourds-muets ? Gulzar a su garder beaucoup d’humour et de tendresse avec ses deux personnages si bien que l’on aime partager leur vie.

S’il y a bien un film où il n’est pas gênant de n’avoir que des sous-titres en anglais ou des sous-titres français de mauvaise qualité (problème auquel nombre d’amateurs francophones de cinéma indien sont confrontés), c’est bien Koshish. Les deux personnages principaux étant sourds et muets, les dialogues sont bien moins nombreux que dans les autres films, et celui-ci repose essentiellement sur les expressions des acteurs. L’occasion une fois de plus de se rendre compte du talent de Sanjeev Kumar et de Jaya Badhuri Bachchan. Talent éclipsé d’une part par un caractère discret et d’autre part par un mari devenu une icône du cinéma indien. Elle est espiègle et lumineuse. Il est touchant du début à la fin. Ils furent d’ailleurs tous deux nominés pour le prix de meilleur acteur aux Filmfares. Mais si Jaya a remporté le prix, ce fut pour Abhimaan, tandis que Rishi Kapoor remportait celui de la catégorie masculine pour Bobby. Qu’à cela ne tienne, pour Sanjeev Kumar ce sera un National Award. Tout comme Gulzar pour le scénario.

Si, comme je l’ai dit plus haut, l’essentiel est dans les regards et la gestuelle, il ne faut pas oublier la force des quelques dialogues. Comment ne pas s’émouvoir de la dernière scène où c’est l’ami aveugle qui fait le panégyrique d’une mère sourde et muette ? Comment ne pas être révolté par certains propos ? Gulzar n’est décidément pas qu’un bon parolier. Il a aussi réalisé des films atypiques qui valent le détour comme Parichay ou Bawarchi. Jaya Bachchan et Sanjeev Kumar font d’ailleurs partie de ses acteurs récurrents. Koshish a eu un tel succès critique qu’il a été repris en 1977 par le cinéma tamoul. Ce fut Uyarndhavargal avec Kamal Haasan.

Koshish est une leçon pour le spectateur. Dans la vie, il faut être courageux et bienveillant [1]. C’est un très beau film qui m’a fait pleurer comme une madeleine, mais pas forcément de tristesse. J’adore ce film et j’en garde un souvenir ému. Alors si vous souhaitez tenter l’expérience…


[1Toute ressemblance avec une citation du film Cendrillon de Kenneth Branagh est pleinement assumée.

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