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Bollywood en chansons : 1975-1979

Publié jeudi 9 novembre 2017
Dernière modification dimanche 19 novembre 2017
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Par Mel

Dossier Bollywood en chansons
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Sholay


Année : 1975
Réalisation : Ramesh Sippy
Avec : Dharmendra, Sanjeev Kumar, Hema Malini, Amitabh Bachchan, Jaya Bhaduri et Amjad Khan
Box Office : n°1, All Time Blockbuster

Le film : Le public ne se pressait pas au Minerva de Bombay le 15 août 1975 pour la sortie de Sholay (« Les braises »). Les critiques n’avaient pas été très encourageantes et les auteurs commençaient à se désespérer. Et puis, au fil de jours, les spectateurs sont venus plus nombreux. En troisième semaine, c’était un raz-de-marée. Le film est finalement resté cinq ans à l’affiche du Minerva. Sans qu’on s’y attende, ce western indien est devenu un succès de l’ampleur de Mughal-E-Azam et de Mother India. Le nombre de spectateurs qui l’ont vu n’est pas connu avec précision, mais il est certain qu’il a fallu attendre près de vingt ans et Hum Aapke Hain Koun… ! pour que son record de fréquentation soit dépassé.

Largement inspiré de Mera Gaon Mera Desh ainsi que les westerns américains et européens de l’époque, Sholay innove par son souffle épique, des cascades impressionnantes et des dialogues mémorables. Il mêle des thèmes typiquement indiens comme l’amitié virile fusionnelle et la lutte contre les bandits de la vallée de la Chambal, avec les grands espaces semi-désertiques de l’Ouest américain. Le résultat est un film qui a marqué toute une génération.

L’histoire est pourtant assez simple. Un policier à la retraite, Thakur Baldev Singh (Sanjeev Kumar), engage deux courageux voyous sortis de prison, Veeru Dharmendra et Jai (Amitabh Bachchan), pour capturer de l’ignoble Gabbar Singh (Amjad Khan), un dacoït qui a massacré sa famille et terrorise son village. Tout d’abord peu convaincus de l’intérêt de la tâche, Verru et Jai se réforment peu à peu au contact des villageois. Veeru fond même pour la pétillante Basanti (Hema Malini) tandis que Jai éprouve des sentiments pour Radha (Jaya Bhaduri), veuve et belle-fille de Baldev Singh. Mais les attaques du bandit laissent peu de temps aux deux amis pour folâtrer. Ils doivent intervenir pour défendre le village et leurs belles…

La chanson : Haa Jab Tak Hai Jaan de R.D. Burman et Anand Bakshi
Les acolytes de Gabbar ont enlevé Basanti. Veeru est venu la sauver mais il est lui-aussi pris au piège. Dans un moment de sadisme dont il a le secret, Gabbar oblige Basanti à danser lui disant que son amant serait abattu à la seconde où ses pieds cesseront de bouger.

Cette chanson mémorable a été tournée comme tout le film dans les environs de Bengalore. Même très loin du nord-est de l’Inde où l’action est censée se passer, le soleil de mai était brûlant. Un assistant se tenait donc hors-champ avec de l’eau pour refroidir les pieds d’Hema Malini qui avait tenu a danser pied-nus. Mais les nuits étaient aussi humides et pluvieuses, il fallait le matin prendre soin de sécher le décors et en particulier les rochers pour qu’ils ne glissent pas.

Haa Jab Tak Hai Jaan chantée par Lata Mangeshkar et dansée par Hema Malini


Laila Majnu

Année : 1976
Réalisation : H.S. Rawail
Avec : Rishi Kapoor, Ranjeeta, Danny Dengzongpa et Aruna Irani
Box Office : n°5, Super Hit

Le film : Le poète persan Nizami Ganjavi a composé Laila et Majnu à la fin du XIIe siècle sur la base de légendes arabes remontant à la nuit des temps. Cette histoire d’un amour absolu et presque mystique entre Kaish et Laila a inspiré de nombreuses œuvres à travers le monde, dont le cinéma indien dès le temps du muet. Patience Cooper a ainsi été la première Laila en 1922, Ranjeeta sera la sixième en 1976 pour ses débuts à l’écran. Rishi Kapoor qu’on attendait probablement pas dans un registre aussi exalté, incarne Kaish dit Majnu (« le fou »), presque 25 ans après son oncle Shammi.

Au fil des âges, cette tragédie a connu de nombreuses variations sans s’éloigner significativement du poème de Nizami. En revanche, le Laila Majnu de H.S. Rawail est une version considérablement modernisée grâce à un dénouement original qui évite l’écueil du crime d’honneur. Il raconte l’histoire de deux enfants issus de riches familles arabes rivales. Laila Sharwari et Kaish Amari sont si solidement attachés l’un à l’autre que leurs parents prennent peur et décident de les séparer. De nombreuses années plus tard, Kaish (Rishi Kapoor) arrive dans une ville et remarque une jeune femme sur la place du marché. Il est fasciné. Elle est interloquée par ce jeune homme qu’elle ne reconnait pas.

Le soir même, Kaish s’introduit dans la chambre de l’inconnue. Il s’agit de Laila (Ranjeeta). Les deux amants se retrouvent. Mais Tabrez, le frère de la jeune femme, ne peut laisser un étranger faire la cour à sa sœur et le laisse pour mort. Désespéré, le père de Kaish cherche à se venger mais c’est lui qui est tué par Tabrez. À son tour, Kaish qui avait miraculeusement survécu, se venge et tue le frère de Laila. Pour stopper l’effusion de sang, le roi condamne le jeune homme fou d’amour à l’exil. Dans le même temps, l’émir Sharwari entreprend de marier sa fille au prince Bahksh (Danny Denzongpa). À l’agonie, Laila accepte cette union tout en se refusant à son époux. Mais le prince est un homme d’honneur. Il jure devant Dieu de conquérir Laila tandis que Kaish erre dans le désert…

La chanson : Husn Hazir Hai de Madan Mohan et Sahir Ludhianvii
Kaish a été condamné à être banni pour avoir tué le frère de Laila. La sentence spécifie qu’il sera lapidé s’il tente de revenir d’exil. S’il refuse toujours de partir, il doit être décapité. Mais son amour pour Laila est tel que la menace ne l’a pas dissuadé de la rejoindre. Aussi, après quelques temps passés à errer dans le désert, il réussit à tromper la vigilance des gardes et s’introduit en ville…

Husn Hazir Hai chantée par Lata Mangeshkar pour Ranjeeta


Amar Akbar Anthony


Année : 1977
Réalisation : Manmohan Desai
Avec : Amitabh Bachchan, Rishi Kapoor, Vinod Khanna, Pran et Parveen Babi
Box Office : n°1, Blockbuster

Le film : Manmohan Desai pouvait être satisfait à la fin de 1977. Les quatre films qu’il venait de réaliser étaient dans le top-5 de l’année. Seul Hum Kisise Kum Nahin avait réussi à s’intercaler en troisième position. Ses succès populaires remarquables ne s’appuient cependant pas sur des histoires profondes où il faut partir à la chasse au symboles et autres allégories. En réalité, Manmohan Desai est un as du recyclage qui ne s’embarrasse pas de vraisemblance. Il reprend des thèmes qui ont déjà marché avec une distribution faite de vedettes connues. Puis il malaxe le tout sur un rythme endiablé avec beaucoup d’action et ce qu’il faut de coïncidences magiques pour faire le liant. Le résultat est à déguster avec le sourire aux lèvres et parfois une toute petite larme à l’œil.

Amar Akbar Anthony est typique de ce style singulier. Trois frères, les fils de Bharati (Nirupa Roy) et de Kishanlal (Pran) sont séparés à un jeune âge dans des circonstances dramatiques, puis sont recueillis séparément par trois hommes de bien. Le premier enfant deviendra Amar (Vinod Khanna), un policier intègre hindou. Le second, Akbar (Rishi Kapoor), sera un chanteur musulman à succès. Le troisième, Anthony (Amitabh Bachchan), bien qu’élevé par un prêtre chrétien, deviendra un petit voyou au grand cœur.

Il leur faut trois contre-points féminins, ce seront dans l’ordre : Shabana Azmi, Neetu Singh et Parveen Babi. Nous sommes dans les années 1970, alors elles n’ont pas d’autre intérêt que d’être jolies. Qu’importe, de toutes façons, on ne voit qu’Amitabh Bachchan qui fait son numéro.

La chanson : My Name Is Anthony Gonsalves de Laxmikant-Pyarelal et Anand Bakshi
Anthony (Amitabh Bachchan) avait été subjugué par la beauté de Jenny (Parveen Babi) alors qu’il servait la messe. Il l’avait invitée à la fête de Pâques, mais elle a dû refuser la proposition, étant déjà accompagnée par Zebesko (Yusuf Khan), son garde du corps. Ne reculant devant rien, Anthony fait donc son entrée tout seul à la fête dans un œuf géant et entreprend de divertir l’assemblée.

Bien qu’elle contienne des références à un discours de Benjamin Disraeli ou qu’elle se moque de la section 420 du code pénal indien qui punit la fraude, cette chanson comique n’a pas d’autre objectif que d’amuser. Et elle le fait très bien…

My Name Is Anthony Gonsalves chantée par Kishore Kumar pour Amitabh Bachchan


Don


Année : 1978
Réalisation : Chandra Barot
Avec : Amitabh Bachchan, Zeenat Aman, Pran, Om Shivpuri et Iftekhar
Box Office : n°3, Hit

Le film : Les succès indiens sont souvent à l’origine de remakes dans d’autres régions du Sous-continent. Don (un « don » est un parrain mafieux) est de ceux-là avec une version telugu, Yugandhar, sortie l’année suivante, Billa en tamoul en 1980, puis enfin Shobaraj en malayalam qui a atteint les écrans en 1986. Non seulement ces versions sont des copies plan pour plan de l’original avec les plus grandes vedettes régionales de l’époque (NTR, Rajnikanth et Mohanlal respectivement), mais la nouvelle version refaite en 2006 avec Shah Rukh Khan inspirera à son tour une nouvelle vague de remake. Tous ces films ont emporté l’adhésion du public, signe que l’histoire du duo Salim-Javed a marqué son temps.

Leur scénario que toute l’industrie avait refusée avant que Chandra Barot accepte de la tourner, raconte l’histoire du pauvre policier D’Silva (Iftekhar) qui est continuellement ridiculisé par l’implacable Don (Amitabh Bachchan). Il finit par le tuer au cours d’une poursuite en voiture, mais il ne sait rien de son organisation criminelle. L’idée lui vient alors de garder secrète la mort du bandit pour le remplacer par Vijay (Amitabh Bachchan), un gentil garçon amateur de bétel qui a la malchance d’être le sosie du roi de la pègre. Vijay va avoir la lourde tâche d’infiltrer la bande pour permettre à la police de la mettre toute entière sous les verrous…

Habituellement, le héros est un policier intègre. Ici, on s’intéresse avant tout à un parrain mafieux et sa bande en donnant l’occasion à Amitabh Bachchan de jouer un double-rôle original. Zeenat Aman n’est pas en reste en incarnant Roma, une vengeresse qui n’hésite pas à jouer des poings. Pran quant à lui est dans son personnage habituel de gentil que les circonstances ont rendu méchant. Tout cela est enlevé et se regarde avec plaisir même si certains passages comme l’interminable bagarre finale dans un cimetière ont un peu vieilli.

La chanson : Yeh Mera Dil de Kalyanji-Anandji et Indeevar
Don a tué le fiancé de Kamini (Helen) qui voulait quitter l’organisation. Pour le faire capturer par la police, la belle l’a entraîné dans une chambre d’hôtel. Mais la cavalerie met un peu de temps à arriver et Kamini se voit dans l’obligation de retenir le bandit quelques minutes…

Helen avait 39 ans au moment du tournage de cette chanson mémorable. Il s’agit du dernier item-number significatif de sa très longue carrière de danseuse de cinéma. Elle refera malheureusement le même numéro dans Billa face à Rajnikanth deux ans plus tard. Ce sera peut-être la danse de trop.

Yeh Mera Dil chantée par Asha Bhosle pour Helen


Suhaag

Année : 1979
Réalisation : Manmohan Desai
Avec : Amitabh Bachchan, Shashi Kapoor, Nirupa Roy, Rekha et Parveen Babi
Box Office : n°1, Hit

Le film : Le titre de ce film arrivé premier au boxoffice de 1979 illustre une difficulté qu’un spectateur occidental peut éprouver devant un film indien. En hindi, Suhaag est simplement « le mari » et suhaagan, « la mariée ». On peut déjà remarquer que suhaag raat, qui se traduit par « la nuit de noces » (raat est « la nuit ») prend, même en hindi, une tournure délicate. Et cela va beaucoup plus loin en urdu où suhaag a un autre sens : il s’agit de « le présage favorable d’être une épouse » ou « la bonne fortune d’être une épouse ». La bienheureuse mariée est supposée être totalement à la dévotion de son mari. Le malheur est d’être célibataire ou pire, veuve.

Justement, le personnage central de Suhaag est Durga Kapoor jouée par Nirupa Roy. Elle est l’épouse et la mère parfaite tandis que son mari, Vikram Kapoor (Amjad Khan), est l’incarnation de la crapule. Lorsque Durga met au monde deux jumeaux, Vikram la rejette brutalement. Mais jamais elle ne cessera de révérer son ignoble époux. Par un hasard de circonstances, un de ses deux fils lui est arraché et se trouve vendu à un escroc minable. Rejetée dans les bas-fonds, elle tente d’élever l’autre dans des conditions très difficiles. Devenu grand, Amit (Amitabh Bachchan) survit comme il peut dans la rue en essayant de s’éloigner de ce père lamentable qui l’a acheté. De son côté, grâce à l’abnégation de sa mère, Kishan (Shashi Kapoor) est devenu un policier remarquable. Par un autre hasard dont seul Bollywood a le secret, Amit vient à prêter un coup de main à Kishan et les deux hommes se lient d’amitié.

Kishan est sur l’enquête qui doit faire tomber Vikram devenu un terrible parrain. Au cours de la tentative d’arrestation, le jeune homme est blessé et perd la vue. Amit, veut alors quitter sa condition pour devenir policier comme son ami. Kishan l’aide et le duo formé d’un aveugle et d’un ancien gamin des rues partent à la chasse à Vikram, sans savoir bien sûr qu’ils sont frères et que le bandit est leur père….

Cette histoire parfaitement aberrante est l’occasion d’admirer le trio composé d’Amitabh Bachchan, Shashi Kapoor et Parveen Babi. Comme il y a deux garçons, il faut une fille supplémentaire, ce sera Rekha qui joue cette fois l’amour d’Amitabh Bachchan. Qui l’eut cru ? Les personnages joués par Rekha et Parveen Babi sont deux sœurs qui s’étaient perdues de vue…

La chanson : Ai Yaar Sun Yaari Teri de Laxmikant-Pyarelal et Anand Bakshi
Kishan est sorti de l’hôpital, il est aveugle. Amit est entré dans la police. Les deux amis s’entraident et vont affronter le crime avec la soutien de la petite amie de Kishan et la bénédiction de Durga.

Cette chanson entêtante est une ode à l’amitié aussi célèbre que le fameux Yeh Dosti de Sholay. Ce sentiment est si fort en Inde qu’elle est pour beaucoup dans le succès du film. Il transcende même le problème de crédibilité de la scène. Les spectateurs ne se sont en effet pas offusqués de voir un aveugle conduire une moto et tirer au pistolet. D’ailleurs, il porte une montre…

Ai Yaar Sun Yaari Teri chantée par Shailendra Singh, Mohammed Rafi et Asha Bhosle

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