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London Dreams

Publié vendredi 16 octobre 2009
Dernière modification mardi 21 octobre 2014
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Par Jordan White

Rubrique Albums
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Après nous avoir offert la très belle BOF de What’s Your Raashee, l’automne 2009 nous offre maintenant London Dreams, en attendant le très beau retour d’Atif Aslam avec la musique d’ Ajab Prem Ki Ghazab Kahani. Une BOF qui ne perd pas de temps pour nous harponner à sa dimension rock/masti/romantique, avec un rythme qui ne faiblit jamais.

Le trio Shankar-Ehsaan-Loy prouve une nouvelle fois la solidité de son identité musicale, revisitant son répertoire et invitant la musique punjabie grâce à des compositions inspirées. C’est quasiment un sans-faute cette année pour eux, même si certaines de leurs compositions n’atteignaient pas le niveau de London Dreams, et ce depuis Chandni Chowk To China, BO très agréable, jusqu’à Shortkut qui proposait des titres emballants. Le succès de Rock On !! étant encore vif, c’est avec de bonnes vieilles recettes que les compositeurs s’illustrent dès le début de London Dreams.

Dans Barsoon Yaroon, il y a du Rock On !!, l’effervescence du titre éponyme, qui faisait retentir les riffs sans les faire hurler, qui permettait à Farhan Akhtar de livrer ses premières gammes vocales sans atteindre le cliché du chanteur qui vocifère. Barsoon Yaroon permet au duo Vishal/Roop Kumar de nous emporter, grâce à l’intro à la basse et jusqu’aux premiers accords de guitare électrique transcendés par l’arrivée d’une partie rythmique rebondissante. Mieux, le refrain, aussi simple à retenir que celui de Rock On !! devrait devenir un titre très porteur, et pourquoi pas même une sorte d’hymne à la gloire de l’amitié. Ligne de basse claire et puissante, notes de synthé subtilement appliquées sur la ligne mélodique principale, choeurs enjoués. Tout y est, jusqu’aux percussions traditionnelles dans le pont qui laisse ensuite le morceau respirer et la voix de Roop nous entraîner dans un air maîtrisé, à la fois solennel et porteur.

La note de fantaisie s’invite dès Man Kho Ati Bavhey. A l’inverse de ce qu’a pu faire Sohail Sen (galons d’essai avec la BOF de Sirf, avec Bikhri Bikhri par exemple), le trio choisit l’électro pinçante et un brin d’ironie, transportant sa douce euphorie dans son refrain. Shankar Mahadevan, à l’aise aussi bien quand il pose sa voix que quand il commence à s’emporter en jonglant avec les modulations (et la présence d’un léger autotune), s’amuse beaucoup et nous amuse. Même si la partition n’est pas la plus innovante du disque, et que le rythme n’est pas foncièrement trépidant (peu d’inventions à ce niveau-là), l’essentiel est dans la bonne humeur que dégage Man Kho Ati Bavhey.

Le disque réunit d’ailleurs les grands chanteurs du genre masti/punjabi avec Roop Kumar Rathod (inoubliable interprète de Tujh Mein Rab Dikta Hai sur Rab Ne Bana Di Jodi), Milind, Abhijeet Ghoshal et Mohan. Il ne manque qu’Atif Aslam qui se fait rare sur les BOF hindi alors qu’il a une voix superbe (et qu’il est un musicien accompli).

Les affinités rock/électro du trio s’expriment à nouveau pour le meilleur avec Khanabadosh. Bien que le titre est chanté par Mohan, sa voix fait beaucoup penser à celle de Vishal Dadlani qui est sur le titre d’ouverture. Un mélange réussi, avec son refrain entonné en choeur, sa pêche de tous les instants et ses petites touches jazzy (le saxo).

Ballade au long cours, Khwab Jo est chanté en duo par deux des plus belles voix d’aujourd’hui. Celle de Shankar et celle de Rahat Fateh. Les deux musiciens arrivent parfaitement à se trouver, au milieu de violons, de percussions entêtantes (un jeu de cymbales inspiré, basé sur l’alternance charleston/roulement de caisse claire), et ce jusqu’au dernier couplet qui laisse ensuite les deux chanteurs se lancer dans une série de modulations à base de vibrato. Exercice périlleux, pouvant vite ennuyer, mais qui trouve ici sa parfaite légitimité. La distorsion du son à la fin du morceau est aussi une belle option pour orienter le titre vers un slow susurré avec les applaudissements de fond.

On passe à un cran supérieur avec Tapkey Masti, tant sur le plan de la mélodie, de l’orchestration (des percussions fantastiques) que des paroles avec le morceau punjabi de l’année (aux côtés d’Hikknaal de Dev. D). Ni plus ni moins. La structure même du morceau - intro démarrant lentement avec l’aide de quelques notes de sarangi puis l’arrivée d’une guitare abrasive suivie de l’explosivité du chant - confère à ce titre une énergie incroyable. Le refrain est irrésistible : les [i]tapkey masti[/i] n’ont rien de répétitif. Bien au contraire. Ils épousent l’ambiance de fête (la chanson illustrera la fête de Holi), tout en s’imprégnant du son punjabi et en nous le faisant partager comme peu de morceaux récents nous ont permis de l’appréhender et donc de le vivre. Un hymne à la musique masti, au Pendjab, et à toute une culture ici magnifiée. Le chanteur Feroz Khan (dont c’est la première participation à une BOF, chapeau bas), homonyme de feu l’acteur Feroz Khan, fait des merveilles, à mi-chemin entre l’expressivité de Labh Jua et la virtuosité de Roop Kumar Rathod, ainsi que celle, plus intimiste, de Rahat Fateh Ali Khan.

Yaari Bina possède le ton d’un ghazal (l’ouverture) et trouve ensuite une mélodie pop axée sur les percussions classiques au charme prégnant. La suite est encore plus heureuse grâce au refrain très énergique entonné avec une rare conviction. Difficile de tenir en place à l’écoute d’un titre aussi vif, et il n’y a ensuite plus d’hésitations à avoir : on se laisse entraîner et chanter à tue-tête le formidable refrain de ce titre aux trouvailles très originales (reprise de la percussion à la voix par Shankar à la fin du premier refrain, voix traînante, ponts laissant la mélodie respirer et prendre même de l’ampleur).

Jashn Hai Jeet Ka donne à l’album une note électro/pop/rock du plus bel effet. Ce n’est pas une surprise, le trio nous a habitués aux très bons disques, mais la confirmation que ces musiciens ont décidément un sacré talent de compositeur, beaucoup d’idées et qu’ils sont sans doute aujourd’hui les meilleurs dans le domaine avec le duo Salim/Suleiman se confirme de nouveau (avis personnel auquel vous n’êtes pas obligés de souscrire).

Avec son début façon dance 1990s et son chant à la Himmesh Reshammiya (pré-Radio), Shola Shola fait un peu penser aux productions Bhatt, et nous entraîne dans une ambiance un peu vaporeuse portée par son refrain cotonneux. Une chanson qui rompt fondamentalement avec l’aspect plus rock/masti de l’album, mais c’est aussi un témoignage de renouvellement, en se basant sur des ambiances qui cartonnent aujourd’hui en club, comme quoi le trio reste très attaché à la modernité. Pour l’anecdote, c’est AR Rahman qui était plus que pressenti pour composer la BOF. Mais ça n’a pas pu se faire finalement. Le compositeur a sorti celle de Blue. Et Shankar-Ehsaan-Loy celle de Londron Dreams.


Année : 2009

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