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Jail

Traduction : Prison

LangueHindi
GenreFilm de prison
Dir. PhotoKalpesh Bhandarkar
ActeursAtul Kulkarni, Manoj Bajpai, Neil Nitin Mukesh, Mugdha Godse, Aarya Babbar, Ashish Sharma
Dir. MusicalShamir Tandon, Sharib-Toshi
ParoliersA. M. Turaz, Kumaar, Sandeep Nath, Ajay Garg
ChanteursLata Mangeshkar, Sharib Sabri, Toshi Sabri, Sonu Kakkar, Neil Nitin Mukesh
ProducteurPercept Picture Company
Durée140 mn

Bande originale

Saiyaan Ve [Jail]
Milke Yun Laga
Bareily Ke Bazzar Mein
Daata Sun Le
Saiyaan Ve (Rock Version)
Bareily Ke Bazzar Mein (Remix)
Sainya Ve (Remix)
Daata Sun Le (Contemporary Remix)

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La critique de Fantastikindia

Par Madhurifan - le 17 décembre 2009

Note :
(6/10)

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Parag Dixit (Neil Nitin Mukesh) est un jeune cadre dans une société financière. Côté professionnel, il vient de recevoir une belle promotion. Côté coeur, il est amoureux de la belle Mandi (Mugdha Godse) et c’est réciproque. Bref, c’est le bonheur. Bonheur un peu contrarié par son colocataire, Keshav Rathod (Jignesh Joshi), vendeur de voitures de son état et légèrement sans-gêne, qui s’est fait une spécialité d’utiliser le mobile de Parag. Mais il s’avère que le brave pique-assiette est en fait un trafiquant de drogue. Le jour où Parag découvre la vérité, il est trop tard. Il est entré de plain-pied dans le labyrinthe judiciaire et il va découvrir le monde de la prison.

Après Page 3, Corporate, Traffic Signal et Fashion, une belle série de films forts, on attendait avec impatience le nouvel opus de Madhur Bhandarkar. Comme prévu il poursuit son étude de la société indienne. Dans Page 3, il traitait des people, dans Corporate, des affaires, dans Traffic Signal, du peuple de la rue et dans Fashion de la mode. Dans Jail, il s’attaque donc aux prisons.

Pour écrire son scénario il s’est entouré de Manoj Tyagi (Life Mein Kabhie Kabhiee, Corporate, Ek Ajnabee, Apaharan, Page 3) et de Anuradha Tiwari (Fashion). C’est donc une équipe bien rodée qui est à l’oeuvre et cela se sent. La chronologie de l’histoire est parfaitement cadencée. Le film respire de façon naturelle et offre au spectateur un mélange d’actions et de réflexions. Tout cela s’enchaîne de façon très fluide et au final on a un film de 2 h 10 dans lequel on ne s’ennuie pas. Un vrai travail de professionnel.

Mais Jail est-il pour autant un bon film ?

Ce serait un bon film s’il était réalisé par un débutant de Bollywood. Car malgré toutes ces qualités, quelque chose cloche. Ce qui passionne habituellement chez Bhandarkar et qui fait qu’on guette ses créations, c’est sa capacité à décrire des milieux, des univers, et surtout à décrire le fonctionnement des gens qui vivent dans ce milieu, qui le façonnent. Ce qui fait la différence entre Madhur Bhandarkar et d’autres c’est que ses personnages sont toujours très fouillés et que leurs relations et leur caractère bâtissent le monde dans lequel ils vivent. Non seulement il sait parfaitement assembler les pièces d’un puzzle parfois complexe, mais chaque pièce de ce puzzle est une petite merveille de sensibilité et de finesse. Peu de cinéastes disposent de ce don.

Dans Jail, on est loin de ce travail d’orfèvre. Les personnages sont plutôt sommaires et même si on retrouve la technique du puzzle, on a l’impression d’avoir changé de fabricant. On est passé du puzzle anglais en bois découpé à la main au puzzle made in China : pièces approximatives et impression sans panache. Pourtant, comme on l’a vu, l’équipe créatrice sait travailler. Alors, d’où vient ce sentiment de bâclage, ou plutôt de superficialité ? Probablement de la distribution.

Et au premier plan Neil Nitin Mukesh. Le film repose totalement sur ses épaules et c’est bien dommage. Autant dans New York, son précédent film, le rôle du brave type qui ne comprend pas ce qui lui arrive lui allait comme un gant. Autant dans Jail, ça ne passe pas. Son jeu est soit simpliste, on dirait qu’il ne s’intéresse pas à ce qu’il fait. Soit il est totalement insipide, soit il est surjoué, par exemple lorsqu’il devient à moitié fou dans son cachot. Dans les deux cas, il réussit l’exploit de nous faire décrocher de l’histoire et nous fait redescendre sur terre. L’une des forces des autres films de Bhandarkar c’est de réussir à nous immerger dans l’histoire, de nous faire oublier qu’on est au cinéma, de nous faire prendre parti pour un personnage ou un autre et de nous faire ressentir ses émotions. Il nous fait marcher. Et cette fusion avec le personnage est un pur plaisir. Ici, impossible de fusionner. Même si on ne s’ennuie pas, on n’oublie pas un instant qu’on est au cinéma. C’est la grosse déception de ce film. Et elle est due à Neil Nitin Mukesh qui n’a manifestement pas la carrure pour ce rôle. Un autre acteur aurait probablement transfiguré ce film. Pour rester dans le genre fragile, par exemple Sharman Joshi ou Shreyas Talpade. Ici, on ne sait pas trop ce qui passe par la tête de Neil Nitin Mukesh et donc, on ne s’y intéresse pas.

Autre déception, Mugdha Godse. Après sa prestation de Fashion dans un second rôle on l’attendait dans un rôle, sinon premier, du moins fort. Or là, ce n’est pas le cas. Le personnage de la fiancée/copine n’est ni capital, ni fouillé. Même si elle fait son travail correctement, on ne trouve pas l’étincelle enthousiasmante de la Janet de Fashion. On peut en dire de même pour pratiquement tous les seconds rôles : minimum syndical pour la psychologie des personnages. Aucune surprise.

Pourtant, il y en a quand même un qui sort du lot : Manoj Bajpai. C’est Nawab, le kapo de service, le prisonnier gardien des prisonniers. Pour la plupart d’entre nous il est et restera le mari sadique et traditionaliste de Preity Zinta dans Veer-Zaara, celui qui l’éloigne de SRK (rien que pour ça, le monde entier le hait !). Un rôle dans lequel la méchanceté et l’orgueil suintent de chaque parole et de chaque acte. Dans Jail, je vous laisse découvrir son histoire. Mais il semble que ce soit le seul personnage dont Bhandarkar et ses scénaristes aient voulu creuser le caractère, comme si c’était lui le véritable héros du film. Et si on regarde de plus près, on réalise que c’est effectivement lui le pivot de l’histoire. Le personnage le plus complexe. A la fois fataliste et révolté, soumis et gardien de la morale. Un magnifique personnage. Manoj Bajpai nous en peint un tableau somptueux. Avec un jeu la plupart du temps minimaliste et subtil, ponctué d’accès de révolte, il donne à ce personnage une profondeur et une humanité remarquables. Là où le Shirazi de Veer-Zaara débordait d’arrogance, l’honneur et la douleur qui imprègnent Nawab sont totalement intérieurs. Comme souvent dans le cinéma hindi, le nom du personnage n’est pas anecdotique. Nawab, c’est un titre à la fois politique (vice-roi) et honorifique porté par les nobles musulmans moghols. En tout cas, chapeau M. Bajpai.
Dans une moindre mesure, Arya Babbar, qui joue le rôle de Kabir, une petite frappe à la solde du parrain de la prison, tire aussi son épingle du jeu. Et ça s’arrête là pour les acteurs à retenir.

Sur le plan musical, au-delà de la qualité propre de la musique qu’on peut aimer ou pas (voir la critique de Jordan White), les parties musicales sont parfaitement intégrées à l’intrigue. Si la prestation de Lata Mangeskar n’est pas particulièrement exceptionnelle en tant que telle, son utilisation dans l’histoire lui donne une tout autre dimension. Cette voix, tellement caractéristique, qui sonne aux oreilles des prisonniers est envoûtante, divine et crée un contraste avec l’ambiance du reste du film.

Pour la technique, Bhandarkar nous propose un travail soigné. L’image est de belle qualité, toujours lisible et très discrète mais sans grande originalité. Bhandarkar n’est pas amateur d’effets spéciaux ou de mouvements de caméra à message. Cela se confirme dans Jail. A noter que le directeur de la photo, Kalpesh Bhandarkar, est le cousin de Madhur.

Reste le sujet : les prisons. La description de l’univers carcéral est assez loin de la violence qu’on voit habituellement. Ici pas de décor sordide, peu de violence physique, un très bref passage sur la sexualité. Bref, tout est traité de façon intellectuelle et non pas sensuelle. Pour le coup on a du mal à sentir la douleur de l’enfermement. Madhur Bhandarkar sacrifie lui aussi à la mode de la dénonciation puisque son film se termine par un texte sur les conditions de détention des prisonniers pas encore jugés. Là aussi ce message survenant à la fin d’une histoire dans laquelle on a eu du mal à rentrer tombe un peu à l’eau.

En résumé, Jail est un film à voir. Surtout pour Manoj Bajpai. Mais on n’y retrouve pas les émotions des autres films de Bhandarkar et surtout, pour la première fois, il ne réussit pas à nous faire entrer dans son monde. Dommage. Espérons que ce sera pour la prochaine. A suivre…

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