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No One Killed Jessica

Traduction : Personne n'a tué Jessica

Bande originale

Aitbaar
Yeh Pal
Aali Re
Dilli
Dua
Dilli – Hardcore

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La critique de Fantastikindia

Par Bolly Fever - le 22 novembre 2011

Note :
(7.5/10)

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Ce thriller politique réalisé par Raj Kumar Gupta (Aamir) et produit par Ronnie Screwvala (Rang De Basanti, Jodhaa Akbar) est inspiré de l’histoire vraie de Jessica Lall.

La jeune et pétillante Jessica Lall (Myra Karn), refuse de servir à boire à un trio d’amis déjà bien imbibés lors d’une soirée chic de Delhi.
Irrité par ce refus, l’un d’eux, Manish Bhardwaj (Mohammed Zeeshan Ayyub), s’énerve, sort son pistolet et… la tue d’une balle en pleine tête, devant les trois cents invités témoins de la scène.

Non, ne croyez donc pas que je viens de vous dévoiler le fin mot de l’histoire en vous révélant déjà le nom du tueur, ou encore en vous disant que celui-ci et ses complices seront arrêtés peu après et mis en examen en vue du procès. L’histoire ne fait que commencer…

Car voilà : "Manu" et ses deux amis sont les fils de richissimes et influents hommes politiques indiens. Si influent que sur 300 témoins, seuls 7 accepteront de témoigner - du moins au commissariat, avant de se rétracter au procès sous les menaces de mort de Monsieur Bhardwaj père.
Pour la sœur de Jessica, Sabrina Lall (Vidya Balan) commence alors une longue lutte dans l’espoir de voir le meurtrier inculpé.
Mais que peut-elle faire, seule face aux riches et puissants, qui manipulent les preuves et achètent les témoins ?
Six ans après le début du procès, le verdict tombe : faute de preuves et de témoignages suffisants, Manish Bhardwaj est jugé "innocent". Personne n’a tué Jessica.

C’est alors que la célèbre reporter Meera Gaity (Rani Mukerjee) s’intéresse de très près à l’affaire. En la surmédiatisant, elle réussit à sensibiliser le pays entier, qui désormais crie d’une seule voix "justice pour Jessica". Il est interjeté appel de la décision du juge de première instance…
La pression du peuple et des médias aura-t-elle raison de la corruption, à tous les niveaux, du système judiciaire ? Le meurtrier sera-t-il finalement puni et justice sera-t-elle faite pour Jessica ?

L’histoire de Jessica Lall, jeune mannequin assassiné dans un bar à New Delhi en 1999, est l’un des faits divers marquants de l’Inde contemporaine. Son meurtrier, Manu Sharma, fils d’un riche et influent homme politique indien qui terrorisa les témoins à l’époque, a été acquitté le 21 février 2006. Cette injustice suscita un énorme tollé médiatique et la colère de la population, qui entraîna une réouverture du procès…
R.K. Gupta reprend donc cette histoire vraie et nous en livre un film convaincant qui se veut plus documentaire que fiction. Il faut savoir que certaines scènes qui auraient pu être typiquement bollywoodiennes ont réellement eu lieu : le 4 mars 2006, 2500 personnes se sont rassemblées à l’India Gate pour une veillée à la mémoire de Jessica ; les parents de Manu Sharma ont réellement rendu visite aux Lall… Et surtout, le dénouement du film reprend celui de cette fresque judiciaire.

Et si le film mérite le succès qu’il a obtenu auprès du public, c’est également grâce aux premiers rôles féminins.

Vidya Balan, que l’on a pu apprécier dans Paa, est ici criante de vérité. Pas d’effusions de larmes ou de cris, Vidya joue ici tout en retenue. On partage la douleur de cette sœur, son combat, ses craintes, sa fatigue aussi…

Rani Mukerjee est aujourd’hui bien loin de ses rôles de fiancée modèle ou d’amoureuse transie version Mujhse Dosti Karoge. Son personnage, Meera Gaity, est une brillante journaliste-reporter, elle a un caractère bien trempé, jure comme un charretier, fume et vit seule (oui, sans mari !).
Mais Rani est par moments trop caricaturale dans son interprétation de la "femme moderne", et elle se fait aisément voler la vedette par Vidya, ou encore par Myra Karn.

Cette grande inconnue sans aucune expérience s’en tire très bien lors de ses quelques flashbacks dans les souvenirs de Sabrina. Comme Anushka Sharma dans Rab Ne Bana Di Jodi, elle est naturelle et semble tout simplement être elle-même.

Le film peut sembler lent à se mettre en place dans sa première partie. Sabrina tourne en rond et ne peut pas faire grand-chose, sinon tenter de convaincre les témoins de dire la vérité au procès, en se rappelant les moments de bonheur passés avec sa sœur. Mais c’est ce qui au final nous fait partager sa lutte et nous tient accrochés au film, dont le rythme s’accélère logiquement avec l’intervention de Rani.
C’est la voix off de cette dernière qui nous narre, dès les premières images, ce qu’est New Delhi et une certaine vision de l’Inde d’aujourd’hui, renforçant le côté documentaire et militant du film.
Car en plus d’un scénario solide, No One Killed Jessica montre une réalité qui nous amène à réfléchir, sur l’efficacité de la justice, la place des médias, la situation de la femme, ou encore sur ce qui est le pire dans toute cette histoire : le meurtre d’une personne et l’impunité du meurtrier ?
Plongée la plupart du temps dans une atmosphère sombre ou dans les rues encombrées de Delhi, l’image reflète le propos grave du film et les contrastes entre les plus modestes et les puissants.

La musique très pop-rock d’Amit Trivedi (Wake up Sid, Dev. D, Aisha…) et les paroles d’Amitabh Bhattacharya (Anjaana Anjaani, Delhi Belly) s’insèrent à des moments stratégiques, mais sans pour autant rester très longtemps en tête.

Un film qui reste loin de nos classiques bollywoodiens. On ne nous vend pas du rêve ; le film est ici réaliste et militant dans le fond.
Mais le film vous laisse malgré tout sur une note d’espoir : voir la justice et l’unité vaincre la puissance, la richesse et la corruption.

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